道化ノ華
Koichi vit le jour le 9 mars 1992 à Osaka. On peut dire que Koichi a eu une enfance sans soucis si ce n'est quelques problèmes familiaux du côté de son père. Mais sinon l'enfant vivait dans les meilleurs conditions possibles, en tant que fils unique il était un peu l'enfant roi à la maison ce qui rendit son épanouissement bien plus grand. Cependant le jeune garçon présentait des pathologies inquiétantes, après plusieurs tests peu clairs qui ne donnèrent pas de réponse sûre à ses parents, les médecins ne furent pas en mesure de dire si le patient avait des chances de sombrer dans une maladie mortelle ou plutôt grave. Mais tout a commencé dans sa jeunesse par quelques légers signes à peine visibles. Un calvaire qui aurait pu s'arrêter là, mais ce ne fut pas le cas ... Son oncle, que Koichi adorait, venait souvent rendre visite à la petite famille. Cependant un matin alors qu'il était de passage, le jeune garçon ne se doutait pas que ça allait être la dernière fois qu'il le voyait … Arrêté quelques jours plus tard pour plusieurs agressions dans la ville, il termina sa vie en prison où il décéda de maladies infectieuses. Koichi ne connut son sort que bien des années plus tard ce qui lui donna un choc émotionnel tellement fort qu'il resta enfermé dans sa chambre sans plus en sortir pendant des mois. C'est sa mère qui parvint à le convaincre d'en sortir, amenant tous les jours dans sa chambre de quoi manger, elle tentait de le réconforter et de lui parler pour qu'il cesse de se morfondre dans sa chambre. La vie continuait malgré tout et il fallait qu'il regarde devant et non pas le passé. Pour le réconforter, sa génitrice lui offrit une petite boîte à musique qu'il garde toujours auprès de lui et écoute sa mélodie lorsqu'il va mal. À l’intérieur un petit Arlequin tournant sur lui-même et laissant échapper une musique qui apaisa tout de suite le plus jeune. Sa mère lui avait appris ce jour-là qu'il s'agissait de "la lettre à Élise". Depuis tout petit, Koichi adore tout ce qui touche aux clowns ou à l’univers de Pierrot et Arlequin. Cette boîte à musique venait compléter sa collection de jouet à l’effigie de ses héros.
Mais lors de ses visites journalières dans la chambre du petit, sa mère avait été témoin de phénomènes troublants. Un plateau-repas dans les mains elle s'apprêtait à entrer dans la pièce avant que la voix de son fils ne l'arrête dans son action. Koichi parlait seul, des propos étranges, comme des appels au secours. Une autre voix lui répondait plus froidement, quelque chose d'effrayant, comme s'il s'agissait d'une autre personne. Mais en écoutant la conversation elle comprit rapidement qu'il se répondait lui-même de manière différente avec une voix contraire à celle qu'il a d'habitude. Le plus effrayant c’est que cette voix qui lui répondait paraissait bien trop grave pour être la sienne … Elle voyait que son état se dégradait de jour en jour et se pressa dans ses démarches de le faire sortir de sa chambre. Elle n'en parla au début à personne et n'essaya pas de communiquer avec son fils se disant que peut-être tous les enfants passaient par là … Cette faute a coûté énormément à l'enfant qui aurait pu limiter la casse plus tard si sa mère ne l'avait pas laissé dans sa détresse … Comment lui en vouloir ? Même si Koichi l'avait su il ne voulait pas que sa mère ait des problèmes à cause de lui, une femme si aimante envers son fils, ce dernier s'en serait voulu toute sa vie. Son entrée au collège fut une catastrophe … Dès le jour de la rentrée lui et ses parents furent convoqués par le directeur de l'école qui leur parla du drame commis par le plus jeune. Il aurait agressé un camarade avec un ciseau manquant de peu de lui crever un œil. L'enfant s'en est sortie indemne mais qui sait ce qui aurait pu advenir par la suite ? Koichi s'en voulait terriblement, il croyait ce qu'on lui disait même s'il ne se rappelait plus exactement des circonstances dans lesquels cela s'est déroulé …
真っ赤な嘘
Renvoyé de son école après le drame, sa mère se décida enfin à parler à son mari de ce qu'elle a constaté quelques années auparavant. Elle tenta de parler avec son fils qui répondait sincèrement qu'il ne savait pas ce qui lui arrivait. En cette période, beaucoup croyaient aux démons et à l’exorcisme, le garçon en était persuadé, un démon était après lui et prenait possession de lui dans les moments où il était le plus faible. Ses parents ne voulurent pas en croire un mot et le décrétèrent simplement malade mental. Mais le jeune homme savait qu’il n’était pas dingue, cette chose qui le faisait souffrir et qui prenait son apparence dans son esprit voulait le tuer et ce depuis qu’il était jeune. Des cauchemars il en avait fait des tonnes et il se réveillait toujours avec des marques sur lui. Des jours et des nuits entières, seul avec cette chose qui lui voulait du mal … Malgré ses appels à l’aide ses parents ne voyaient qu’une seule option, la branche médicale … Koichi passa alors par toutes les agences de médecins psychologiques de la ville et plusieurs mois chez le psychologue. La sentence fut sans appel, le garçon était atteint de schizophrénie d'un niveau élevé le rendant dangereux pour lui et pour les autres. Le jeune garçon n’oubliera jamais le chagrin de sa mère ce jour-là. Cela lui fendit le cœur à tel point que ses troubles devinrent de plus en plus incontrôlables au fil des jours.
Le temps de trouver une solution, c'est sa mère qui veillait sur lui. Koichi ne comprenait pas pourquoi il entendait des voix parfois, pourquoi la vision du sang l'amusait dans ses heures les plus sombres. Voir sa mère se maudire pour lui avoir donné une telle maladie à la naissance lui arrachait le cœur. Cependant les parents s'en veulent toujours de ce qui arrive à leur enfant pensant que tout est arrivé par leur faute. Même si ce n'est pas le cas, sa mère se disait qu'elle avait manqué quelque chose durant sa grossesse, qu'elle aurait dû faire plus attention. Ne pas fumer cette cigarette qu'elle c'était permise à quelques mois de grossesse … Un détail, une broutille qui n'avait rien à voir avec l'état actuel de son fils. C'est dans une atmosphère pesante que les jours passèrent, puis les semaines avant que la nouvelle ne tombe comme une pierre, blessante et lourde telle la sentence qui attendait le jeune. Une épine dans le cœur qui acheva sa mère, s'il ne voulait pas risquer de passer toute son enfance derrière les barreaux, il allait devoir faire un passage obligé en centre psychiatrique. Les médecins sont venus le chercher dès le lendemain arrachant le petit Koichi à ses parents, impuissants devant cette scène déchirante …
Cela n’allait en rien l’aider il le savait, même s’il était peut-être atteint de schizophrénie ses crises n’étaient pas dûs qu’à cela. Il lui arrivait parfois de parler à cette chose en lui qui le possédait, il savait que ce n’était pas dû à une maladie mais bien à un démon. Plusieurs fois il se mettait à crier en pleine nuit sans raison se recroquevillant sur lui-même pour faire taire ces voix dans sa tête, il se lacérait la peau sous le désespoir espérant faire sortir cette chose qui se jouait de lui et qui pourtant restait bien ancrée à son âme. Des visions d’horreur il en avait eus et ce même éveillé, la mort et l’enfer étaient sa prison et ses parents avaient précipité les choses en l’emmenant dans cet asile qui deviendrait bien plus qu’une cage mais une salle de torture … Cela le renforçait, il sentait qu’il ne se montrerait pas utilisant la maladie de Koichi comme couverture pour continuer de le tourmenter. Plusieurs fois ses parents ou les médecins l’ont attaché à son lit pour l’empêcher de se tuer ou de faire du mal. Des crises de sa maladie pour les spécialistes, le démon pour le jeune homme qui était mort d’angoisse. La solitude ne l’aidait à rien à arranger son état et le plus jeune développa ainsi des phobies qui seraient une cicatrice à vie et qui resteraient accrochées à lui tout comme cette chose qui prend plaisir à le tourmenter. Il a déjà essayé de parler avec lui, savoir pourquoi cette entité malfaisante voulait sa mort de cette manière, mais à chaque fois on lui répondait en énigmes et cela ne finissait jamais très bien pour le jeune homme …
Paranoïa
C'est à l'âge de treize ans qu'il entra dans ce bâtiment qui allait devenir très vite son pire cauchemar … Un bâtiment très ancien à en voir la façade qui se dégrade et les mauvaises herbes de l'espace vert poussant ici et là. Son premier contact à l'asile fut une petite fille du nom de Rina, une demoiselle normale au premier abord qui présentait des signes maniaco-dépressifs graves selon les médecins. Une chose qui ne voulait rien dire pour Koichi à ce moment-là. Il pensait avoir tout perdu et il ne savait pas à quoi allaient ressembler les prochaines années de sa vie … La petite partagea son histoire et ses ressentis sur les lieux avec son nouveau camarade de chambre. Un enfer sur terre, même les yokai avaient l'air beaucoup plus accueillants que les médecins paraît-il … Une nouvelle qui ne rassura pas forcément Koichi qui craignait déjà passer les pires années de sa vie entre ces quatre murs. Il ne savait pas s’il devait craindre les démons ou les humains … Une image d'horreur qui s'effaça au fil des jours quand les trois premiers mois se passèrent sans encombres. Le garçon était suivi par des psychologues, pouvait aller jouer dehors s'il prenait ses médicaments journaliers. En somme rien de bien inquiétant. Il recevait la visite de ses parents toutes les semaines et ces derniers lui rapportèrent cette boîte à musique qui devint rapidement son porte-bonheur. Mais c'est au bout de ces trois mois que les choses tournèrent réellement au cauchemar. Sa mère ne venait plus le voir, seul son père passait et il avait l'air beaucoup plus triste qu'à l'accoutumé. Comme s'il n'allait plus jamais revoir son fils après ça … La semaine qui suivit le jeune garçon fut amené en salle opératoire pour la première fois. Les médecins n'avaient pas arrêté de lui répéter que c'était pour son bien et que tout allait se passer à merveille. Pour un garçon de treize ans il est normal qu'il se rattache à la parole des adultes et des personnes qui lui veulent du bien en règle générale …
Son cœur s'était mis à battre lorsqu'il avait vu toutes ces machines et ces ondes électriques autour de lui. Allongé sur la table d'opération, les infirmières lui sanglaient les poignets et les chevilles de manière à l'immobiliser au mieux. Malgré les paroles du médecin Koichi n'avait envie de qu'une chose, sortir d'ici. Si ses parents n'avaient pas osé passer plus de temps en sa présence c'est parce qu'ils avaient appris que la sismothérapie serait une étape obligée pour le garçon tant que son état mental ne s'arrangerait pas. Les premiers électrochocs déclenchés furent une véritable torture pour l'enfant qui hurla en se débattant. Ce fut une série de quatre ou cinq électrochocs de plus en plus élevés qui lui furent administrés. Les jours suivants ne furent pas mieux, Koichi vivait un véritable calvaire et faisait parfois preuve de violence pour réchapper à sa sentence lorsque les infirmières venaient le chercher dans sa chambre pour l'amener en bloc opératoire. Toutes les semaines il avait cette séance de sismothérapie, la fréquence augmenta de semaine en semaine et les séries également, arrivant jusqu'à une quinzaine d’électrochocs par séance. L'état de Koichi se dégradait son autre personnalité réapparaissait de plus en plus souvent et de plus en plus agressive ... Il ne compta pas le nombre de temps qu'il passa en cellule d'isolement, dans le noir avec pour seule compagnie cette personnalité qui semblait vouloir le tuer … Cette voix démoniaque s’infiltrait dans son esprit lui insufflant des idées sombres, il passa par plusieurs tentatives de suicide pour arrêter ses angoisses et ses cauchemars mais les gardiens venaient toujours mettre un terme au massacre. Les bras encerclant sa tête, crispés contre ses tempes, Koichi implorait qu’on le sorte de là et que cette chose le laisse tranquille, mais seul un rire d’outre-tombe lui répondait prouvant que son cauchemar ne faisait que commencer …
あの窓に教わった事
Les années passèrent dans cet enfer auquel il s'était habitué. Sa santé mentale se dégradait et sa joie se ternissait au fil du temps. Il passa cinq ans dans cet asile, cinq ans de crise et de paranoïa cloîtré dans une pièce sombre ne voyant la lumière du jour que peu fréquemment. Les seules fois où il sortait, il s'isolait près d'un rocher où il laissait aller ses larmes comme pour extérioriser. Avec les mois, il avait de nombreuses fois retourné sa chambre ou la salle commune par excès de colère ou de folie. Sa personnalité était plus présente que jamais le hantant toutes les nuits et causant de nombreux dégâts pour les autres patients tout comme l'équipe infirmière. C'est l'une des assistantes sociales qui lui ramena sa boîte à musique pour tenter de l’apaiser comme sa mère à l'époque. Elle l'ouvrit et la remonta pour faire jouer la mélodie qui calma tout de suite Koichi. Ce dernier arrêta son carnage et sa colère laissa place au chagrin et à l'image de ses belles années d'enfance sans soucis et de sa mère le jour où elle lui avait offert. Elle ne savait pas ce qu'elle était devenue, il ne l'avait plus revu depuis bien deux ans. Au début ses visites s'étaient minimisées pour devenir inexistante. Son père fit la même chose un peu plus tard laissant leur fils à son sort. La seule fois où il les revit ce fut à ses dix-huit ans quand lui et ses géniteurs furent convoqués par la dirigeante de l'établissement qui expliqua que sa situation s'était empirée avec le temps. La décision fut sans appel, il allait devoir être interné plus longtemps à l’asile de Tokyo …
Sa mère le ramena chez eux où elle prépara ses affaires à contre cœur. Koichi se souvient de son chagrin de quitter Osaka pour une ville inconnue et pour une autre thérapie beaucoup plus radicale … Il apprit que ses parents avaient divorcé il y a quelques mois et que sa mère partait elle aussi à Tokyo pour veiller sur lui. Le trajet jusqu’à ce nouvel endroit fut silencieux et l’arrivée à l’asile encore plus glauque laissait à désirer … La main de sa mère posée sur son épaule, elle l’accompagna jusqu’au bureau d’une des infirmières qui s’occupait des patients en état de santé graves … Koichi suivit l’entrevu avec plus ou moins de concentration et la phrase de sa mère lui restera à jamais en mémoire … « Il est schizophrène et à des tendances suicidaires depuis presque un an … » Même si son existence n’était pas des plus joyeuses, jamais le jeune homme n’avait pensé au suicide ! Pourtant lorsque sa mère montra le poignet de son enfant à l’infirmière, les yeux du plus jeune s’agrandirent en voyant les points de suture conséquents sur tout son avant-bras et l’intérieur de son poignet … Quand avait-il essayé de se tailler les veines ? La femme en blanc acquiesça néanmoins en expliquant que tout serait sous contrôle … Si seulement c’était vrai … Cette chose ne cesserait de lui faire du mal et c’est sans doute entre ses murs qu’il allait perdre la vie, ce n’était pas de médecin qu’il avait besoin mais d’exorciste, seuls eux pourront le libérer de son mal.
Cette fois-ci l’endroit était bien différent, il y avait des barreaux aux fenêtres pour les empêcher de sortir ou de se défénestrer, pourtant Koichi passait le plus clair de son temps à regarder la ville à travers les barreaux s’imaginant une vie normale avec plein d’amis et la joie sur son visage … Il en avait passé des nuits pleurer après les cauchemars qu’il faisait, les terreurs nocturnes et la visite de cette chose dont il n’avait jamais discerné la véritable identité. Elle se manifestait sous sa propre forme et tentait par tous les moyens de le faire souffrir. Les années passèrent et les soins des plus barbares s’étendaient sur toute la journée … Les électrochocs étaient un jeu d’enfant à côté des tortures soi-disant médicales qu’il subissait … C’est à vingt-deux ans qu’il agressa l’une des infirmières qui était venus lui faire sa piqure … Un coup de son démon intérieur sans nul doute, mais quand il revint à lui il était déjà trop tard … Le corps de la femme gisant sur le sol, poignarder à plusieurs reprises dans le cou par la seringue qu’elle avait apportée … Fort heureusement d’autres médecins et gardiens étaient venus pour la sortir de là cinglant une nouvelle fois les chevilles et les poignets du garçon à son lit d’hôpital pour qu’il se tienne tranquille.
Alive
Après cela Koichi passa cinq mois en cellule d’isolement où il n’en ressortait que pour ses traitements qui nécessitaient du matériel ou pour prendre son bain … D’ailleurs, cela se passa un jour comme les autres, un mois après son anniversaire, le jeune Koichi fut conduit dans la salle de bain où les infirmières le déshabillaient pour lui faire prendre son bain. Cependant le garçon n’était pas comme d’habitude … Il avait normalement toujours un sourire pour les infirmières et leur parlait beaucoup de sa famille et ses passions. Mais cette fois il était silencieux, le regard dans le vide et le visage inexpressif, comme plonger dans un autre monde … Il ne répondait pas aux questions des femmes qui le déshabillait ce qui leur sembla étrange … Elles le firent tout de même s’installer dans sa baignoire pour lui faire sa toilette. Un des patients semblait avoir fait une crise et cette urgence réclamait toutes les infirmières, une urgence qui aurait pu coûter la vie de Koichi … Si pour lui son démon était présent et tentait de mettre fin à ses jours, ce qui se passa en réalité était tout autre. Il se laissa glisser dans la baignoire jusqu’à s’immerger entièrement sous l’eau. Il ferma les yeux et attendit que l’air vienne à lui manquer. Cette fois-ci il s’agissait bel et bien d’un suicide volontaire, il ne voulait plus faire de mal à qui que ce soit, cesser cet enfer et s’il ne le faisait pas pour lui il le ferait au moins pour sa mère qui s’était sacrifié toute son existence pour lui … Mais c’est alors qu’il sentit une main lui agripper l’épaule pour le sortir de l’eau. L’air qui emplissait maintenant ses poumons était douloureux, peu à peu son cœur se remit à battre normalement et quand il se fut calmé il tourna les yeux vers plusieurs médecins qui venaient de lui sauver la vie …
À quoi bon continuer comme cela ? Koichi venait d’avoir vingt-quatre ans et il était toujours aussi malade qu’au premier jour. Cet endroit était une véritable torture et les jours se ressemblaient tous … Mais un jour, alors qu’il regardait par la fenêtre de sa prison blanche, il entendit sa boîte à musique jouer seule l’air qui le rassurait, avec crainte il risqua un regard en direction de la figurine qui tournait sur elle-même et s’arrêta subitement faisant taire la musique dans un bruit mécanique inquiétant. Il allait de nouveau venir pour lui … Mais au lieu de ça la porte s’ouvrit sur un homme qu’il n’avait encore jamais vu jusqu’à présent accompagné par une infirmière. Il serait celui qui lui rendrait visite et celui qui pouvait le sortir de cet enfer … Mais la première réaction du garçon ne fut pas des plus accueillantes … Il ne lui adressa pas la parole, laissa cet homme s’exprimer, maintenant qu’ils étaient seuls dans cette pièce son attitude changea du tout au tout … Il paraissait beaucoup plus malveillant, et c’est lorsqu’il murmura à son oreille que personne ne pourrait le sauver de lui qu’il le reconnut … Un démon, son démon … Il n’avait encore jamais vu son vrai visage et maintenant il pouvait même connaître son nom et sa profession … Un évènement qui changera sa vie future puisque l’homme lui proposa un marché … S’il voulait que ses journées soient moins douloureuses et qu’il puisse sortir d’ici, il devrait lui appartenir. L’homme utilisa cette mélodie qui apaisait Koichi et lui parla de sa mère, s’il voulait la rendre fière il n’allait pas avoir le choix … La mort ou l’esclavage ? En désespoir de cause le jeune homme accepta le pacte et devint lié éternellement à cette entité qui n’allait en réalité pas lui laisser le moindre répit …
Antidote
Les mois passèrent et il ne revit plus jamais cet individu … Ses crises se calmèrent et Koichi eut même le droit à une autorisation de sortie par semaine. Il avait le droit de se balader dans la population mais cet émetteur GPS autour de son poignet lui rappelait qu’il était toujours relié à cette prison. Cela montrait aussi aux gens qu’il était interné à l’asile de Tokyo ce qui en rendait récitant plus d’un à lui adresser la parole. Il pouvait retourner voir sa mère qui avait l’air heureuse et fière que son fils ne montre que des améliorations à son état. Il n’avait plus eu la moindre crise depuis plusieurs mois et pouvait même aller se promener tout seul dans la ville le week-end. C’était bien la première fois depuis qu’il était enfant qu’il se fondait dans la population, il n’avait plus connu la ville depuis bien longtemps et cet air pur lui fit le plus grand bien. Le jeune homme avait retrouvé le sourire et comme le lui avait promis cet homme la douleur avait cessé. Les médecins lui laissaient un peu plus de liberté et les séances de sismothérapies et autres injections avaient cessé. Il était juste dans un asile qui faisait attention à son état de santé, mais Koichi pouvait presque se vanter d’être comme les autres, une maladie qui guérissait de jour en jour et qui lui laisserait bientôt voir la lueur du jour, une vie normale, c’est tout ce qu’il demandait.
Mais un paradis sur terre n’existe pas, surtout si sa seule délivrance venait d’un démon … Koichi avait presque réussi à l’oublier, à l’effacer de sa mémoire faisant disparaître ses craintes et ses angoisses … Pourtant une nouvelle crise frappa alors que tout allait pour le mieux. Cela avait commencé par des cris dans sa chambre, des hurlements de douleur si intenses qu’on aurait pu penser que quelqu’un était en train de l’agresser … Le même schéma fut répété une nouvelle fois, cinglé bien solidement aux barreaux métalliques de son lit d’hôpital, Koichi se débattit et tenta désespérément de fuir une chose invisible … C’est une infirmière en stage qui s’approcha de lui et posa une main sur son front, cette femme était différente des autres, elle avait quelque chose d’anormal dans le regard. Koichi croisa un instant ses yeux et comprit ce que cette femme était … La nouvelle qui faisait rage dans les médias et qui terrorisait la population, les sorcières … Si les démons existaient, Koichi croyait également aux sorcières, pourquoi elle n’en serait pas une ? Que ce soit le cas ou non, elle entendit sa détresse et son cri déchira son cœur comprenant qu’elle avait à faire à une victime d’un démon. Le jeune patient parvint à articuler un mot, "sauvez-moi". Un mot qu’il répéta à plusieurs reprises et que les médecins prirent en compte comme une agression … Avec l’agitation du gouvernement et les craintes des habitants concernant les sorcières, les psychanalystes réévaluèrent le cas de Koichi et s’orientèrent sur la piste des sorcières. Le garçon ne pouvait pas démentir, il n’avait même pas le droit de prononcer le mot démon sous peine de vivre un enfer par celui qui l’entravait, c’était compris dans le pacte, ni l’identité, ni la nature de son maître ne devait être révélée s’il voulait rester en vie …
Cette piste fut creusée et les chercheurs tentèrent de savoir comment elles pouvaient avoir l’emprise sur le jeune homme. Il s’agissait de magie noire, de la sorcellerie et les preuves furent encore plus flagrantes lorsque des éléments troublants survinrent … Vomir du sang ou des clous n’avait rien de normal et c’est cela qui donna raison aux médecins, Koichi était victime des sorcières, ce que le démon cherchait à renforcer pour couvrir son identité. Il devait faire face seul à la vérité ou parler à l’une de ses sorcières, lui dire sa détresse et lui demander comment le libérer de l’emprise que ce monstre a sur lui. Se renforcer était la seule échappatoire qu’il avait …
Exist
Les bougies vacillantes sur son gâteau d’anniversaire éclairaient ses pupilles qui admiraient le spectacle en face de lui. Koichi avait eu vingt-six ans aujourd’hui et les images de ces nuits d’horreur n’avaient pas cessé de le hanter … Recroqueviller sur son lit, les bras encerclant ses jambes et le menton posé entre ses genoux, le garçon pensait à l’avenir. Il y quelques jours le Japon avait été informé d’une nouvelle loi, la moindre sorcière devait être anéantie … Koichi faisait-il partie des raisons qui avait condamné les sorcières à un tel sort ? Mais est-ce qu’elles étaient vraiment mauvaises ? Des questions que n’avait pas arrêté de se poser le jeune garçon durant cette journée plutôt spéciale … Mais s’il était encore en vie aujourd’hui c’est qu’il avait une place dans ce combat, lui aussi devait mener cette bataille contre lui-même, son démon intérieur et sa maladie. Il voulait trouver ces réponses et savoir le fin mot de l’histoire. En attendant il se contentait de cette vie qui était devenu son quotidien, malgré les souffrances endurées et le temps passé enfermer, il devait profiter des opportunités qui s’offraient à lui. Les médecins parlaient de cas troubles mentaux tandis que d’autres rejetaient l’entière faute sur les sorcières. Quelles que soient les versions la vérité étaient sur les lèvres de Koichi et lui seul pourrait se sortir de ce mauvais pas. Il remonta sa boîte à musique qui joua "la lettre à Élise" tandis qu’il fermait les yeux pour s’endormir sur cette douce mélodie. Demain est un autre jour et son combat ne faisait que commencer …